samedi 2 septembre 2017

Nos vies



Jeanne a la soixantaine ; on la devine solitaire. Sa vie est rythmée par quelques rituels, et en particulier celui de ses deux passages hebdomadaires au Franprix de la rue du Rendez-vous. Jeanne observe ; Jeanne imagine un tas de choses ; Jeanne se construit un monde fantasmé dans lequel s’insère le sien.

Marie-Hélène Lafon nous avait habitué à disséquer le monde rural, à rendre attachant  ses ruraux, humbles et sans gloire.

Elle délaisse ici son Cantal natal pour rallier la grande ville de solitude et d’anonymes transparents. Place à Gordana, la caissière et Fortunato, un habitué lui aussi. Deux âmes solitaires, comme un peu perdues dans ce monde qui va à toute allure. Ici au Franprix, la vie semble s’arrêter. Jeanne, la narratrice, redonne vie à tout cela, à sa façon.

On reconnait la plume incisive et concise de Marie-Hélène Lafon ; une plume sèche et aride ; une plume riche toujours à la recherche du mot juste. L’ensemble parait avoir été cousu main, point après point, calé au millimètre près.

On aime, ou pas cette forme d’écriture, et cet univers si particulier à l’auteur. Cette dernière se fait suffisamment rare pour profiter du moment où elle sortira du bois.

Si l’ouvrage m’a procuré un certain plaisir de lecture, il fut néanmoins moins profond que pour les précédents romans. Marie-Hélène me semble plus convaincante sur sa terre auvergnate que sur le bitume parisien. Mais cela n’est que mon humble avis.

Nos vies de Marie-Hélène Lafon, chez Buchet Chastel (Août 2017,185 pages)


Professeur agrégée de Lettres Classiques, Marie-Hélène Lafon choisit d’enseigner dans un collège situé en Zone d’Éducation Prioritaire.

Elle commence à écrire en 1996. Son premier roman, "Le Soir du chien", a reçu le prix Renaudot des lycéens. Elle préside le prix littéraire des lycéens de Compiègne en 2003-2004.

"Histoires" obtient le Goncourt de la nouvelle en 2016.Elle a publié, entre autres, "Joseph", "L’annonce", "Les pays" ;"Nos vies" a été publié en 2017.

1 commentaire:

  1. Je pense que je vais le lire, il me tente bien. La rue du Rendez-vous m'évoque pas mal d'heures de ma jeunesse et je suis curieuse de voir ce que donne l'écriture de Marie Hélène Lafont dans cet univers.

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